Zoartoïste (1ère version théâtre d’image)

Catherine Gil Alcala

Création et mise en scène de Catherine Gil Alcala,
avec Hiromi Asai, Laurent Sepselevicius, Catherine Gil Alcala, Jean-Luc Guionnet (saxophone), Frédéric Pertuiset (éclairages).

À propos de Zoartoïste (notes de mise en scène)

La tension entre les contraires.

La tension crée le rythme, des rythmes qui s’opposent, l’étirement des gestes de l’action, le grondement sourd qui sous-tend l’action, et l’extrême rapidité, la décharge disruptive.

Temps organique, le temps inconscient n’existe pas.
Le temps tel que nous le concevons est un temps social, lié à une recherche d’ordre extérieur.
Si l’on s’efforce de pénétrer en soi-même, intuitivement on modifie le temps, et le temps est d’autant plus remarquable, le temps devient rythme.

Le vide et le plein comme la respiration, une idée du mouvement universel et organique.
Déréliction.
Le vide extérieur crée la multitude d’images intérieures.
Des gestes qui se recroquevillent et se déploient, comme la mort et la naissance, le corps du vieillard qui se recroqueville comme pour retrouver la position fœtale.

La naissance du spectacle, son commencement, c’est l’instant de la mort, la vision fulgurante de toute la vie qui se déploie.

C’est une mort symbolique, une mort que l’on porte en soi, c’est une allégorie de la vie, les différentes phases du processus vivant.
On pourrait mettre en parallèle à cela, les gravures alchimiques qui représentent les processus de transformation de la matière jusqu’à l’or, la perfection, la mort.

On retrouvera sans cesse dans le spectacle ces images de la mort et de la naissance, du fœtus, de la momie…

L’espace vide, l’espace empli d’objets, comme les tableaux de Wölfli, le trop plein… qui crée l’humour… la destruction par l’humour.

Des objets quotidiens et merveilleux, détournés de leur sens utilitaire, les multiples faces de l’objet, son caractère fascinant, c’est l’inanimé qui dirige l’action.
Nous recherchons la dimension animiste, la projection de l’esprit dans l’objet.
C’est modifier le rapport que l’on a aux choses et retrouver les croyances enfouies.

Tous les personnages sont un seul personnage, comme des projections d’un seul esprit. Les personnages ne sont pas définis, ils mutent perpétuellement.
Deux cadavres, l’artiste d’art brut, l’anarchiste, la femme-parapluie, l’homme-culbuté, la vamp, Dionysos, le pygmée, la femme-fleur… St Jean-Baptiste.

L’homme dissocié.

C’est un travail sur le fragment, la dissociation est un phénomène délirant qui se retrouve autant dans le processus de création artistique que dans les états pathologiques.
La dissociation fait émerger dans le champ conscient des parties fragmentées, refoulées de la personnalité.
Dans l’expérience des répétitions, est apparue, aussi, la dissociation de certaines parties du corps (phénomènes schizophréniques que l’on retrouve notamment dans le cinéma expressionniste).
Le corps démembré puis reconstitué est une des phases de l’initiation chamanique.

Ce sont des transformations, et le mouvement tourne sur lui-même.
Le mouvement circulaire a un caractère archaïque.
Je pense à un jeu sur des répétitions, depuis l’origine du spectacle une forme s’esquisse, quelque chose se formule mais on n’en saisit pas clairement la teneur, et ce sera toujours la même chose qui se répétera dans de multiples formes.
On ne parle pas du passé, mais de l’archaïque, de l’originel.
La déréliction est une lucidité, un dévoilement.