Coquillage, en écoutant son sang couler dans son corps

Catherine Gil Alcala

Création et mise en scène de Catherine Gil Alcala,
avec Dominique Taillefer, Christophe Grosos, Delphine Saliou, Amélie Gagnot, Catherine Gil Alcala.

 

Une trame onirique (notes de mise en scène)

A l’origine, j’avais l’envie de travailler sur une trame onirique, sur l’image mentale, de retracer le cheminement en apparence incohérent du rêve, des imaginations, des productions de source inconsciente.

Nous sommes dans le champ de la virtualité. Ce sont des images de l’invisible, toute l’ambiguïté se trouve là car en vue d’un travail sur la scène, comment faire s’étirer le rêve dans le champ de la réalité du corps ?
C’est un langage d’images symboliques. Ces images sont toujours mouvantes, elles naissent du mouvement intérieur de l’inconscient.
L’image symbolique est un condensé de plusieurs images. Ces images sont l’expression de l’expérience intime. Elles ont un ancrage dans le corps, liées à des sensations, des instincts.
Dans le travail, il faut bien comprendre que le geste ou l’action ne s’enferme pas en lui-même mais a un retentissement ailleurs, ouvre sur un autre espace de jeu, invisible.

Une création, un assemblage en apparence hétéroclite, l’idée de créer à plusieurs, avec des gens hétéroclites, venus d’horizons divers tels que la danse, la musique, le théâtre, le chant, un emboîtement d’images et de sons, un cycle des transformations comme les images en transformation dans les rêves ou les mythes.
Un kaléidoscope d’impressions, de sensations, d’images. Une fragmentation irréelle, un phénomène d’associations subjectives.
Et ce qui peut sembler contradictoire, phénomène qui porte en lui l’objectivité d’un langage d’images universelles, archétypiques.
Ce qui semble fragmenté, recouvre un lien enfoui, comme les strates d’images accumulées témoignant de l’expérience intime.

Le positionnement dans ce travail n’est pas d’illustrer un rêve, ni d’être dans une narration d’un texte préécrit, mais d’être dans une construction empirique à partir de processus de l’imaginaire en analogie avec les processus des rêves.
Nous ne recherchons pas à figer une image, à plaquer une forme, mais à ce que l’image surgisse d’une recherche ensemble.

Un chemin à rebours.

Pour cela, nous cherchons à inverser notre rapport au monde, au quotidien, à l’espace-temps, afin de faire émerger le rêve permanent qui se trouve occulté par l’activité quotidienne, car nous vivons toujours entre deux mondes. Finalement, peut-être juste exercer une certaine écoute.

Afin de créer un écho en nous, en tant que matière inspiratrice de ce travail, des textes tels que des poèmes de Henri Michaux, des textes d’Antonin Artaud, des textes mythologiques, Ezéchiel, l’Apocalypse, le Bardo-Thödol. Des œuvres picturales et littéraires, d’art brut, d’artistes schizophrènes, de Jérôme Bosch, des gravures alchimiques…

Ces créations d’horizons culturels très dispersés dans l’espace et dans le temps, ayant en commun de nous donner une vision inversée du monde, un ordre inversé.
Ces créations sont de l’ordre du phénomène visionnaire, elles font écho à notre propre énigme vivante, par le surgissement, la superposition d’images fortement chargées.